Il y a deux ans, Lina nous racontait en quoi la glace de mer et la banquise sont importantes et pourquoi il est primordial qu’elles soient étudiées: Vous pouvez trouver cet article ici (en Anglais) : Why do we care so much about sea ice, je tenais à continuer cette discussion.
Note: Ce texte a été publié préalablement en anglais dans une série de tweets en Août 2019. J’ai adapté le format pour écrire cet article. Cliquez ici pour la version originale.


Depuis quelques semaines, je travaille sur l’introduction de ma thèse de doctorat. J’ai créé quelques figures pour montrer les effets du changement climatique sur la banquise. J’ai réalisé que nous devions parler un peu plus du volume de glace de la banquise.
Nous parlons souvent de l’étendu de glace, comme la glace couvrant l’océan influence le climat. Elle isole l’atmosphère de l’océan, et sa blancheur reflète les rayons du soleil dans l’espace. L’évolution et les cartes de l’étendu de la banquise sont données de manière quotidienne par le NSIDC.
Et lorsque nous regardons ces cartes, comme celle ci-dessus, nous avons l’impression qu’il reste beaucoup de glace. C’est pourquoi je veux vous parler ici du volume de glace. Parce que le volume de glace est aussi essentiel. La glace fine casse plus facilement, bouge plus rapidement et fond plus vite. La vieille glace épaisse (5 ans et plus) est un réservoir d’énergie négative, ce qui veut dire qu’il y besoin de beaucoup d’énergie pour la faire fondre.
C’est cette vieille glace épaisse qui fond en ce moment.
Par contre, le volume de glace de mer est compliqué à mesurer. C’est une combinaison de mesures d’épaisseur, de concentration et de surface de la glace. Les mesures d’épaisseur sont alors complexes et les plus précises doivent être faites sur place. J’en ai parlé dans un article pour le blog du brise-glace Polarstern (ici). Pour avoir une bonne estimation, nous utilisons une réanalyse. En bref: Nous utilisons les quelques observations disponibles et les assimilons dans un modèle numérique pour l’amener au plus près de la réalité. Les données que j’utilise ici viennent de la réanalyse PIOMAS.

Si la couverture de glace diminue, il parait logique que le volume de glace diminue aussi. Mais jettons un coup d’oeil aux données. J’ai essayé différentes manières de comparer les données de volume aux données de surface de glace.
Un des visuels qui m’a plu est le camembert. Comparons donc la situation en septembre 1979 et 2018. J’ai choisi 1979 parce que c’est la première année avec des observations satellitaires de la glace de mer dans l’Arctique. C’est aussi l’année avec le maximum de volume de glace.
Nous pouvons observer que l’étendu (extent) et la surface couverte par la glace (area) ont diminué de près d’un tiers (en haut à gauche et à droite). En même temps, si l’on regarde le volume, il a diminué de près de trois-quart! (en bas à gauche). Cela se traduit par une diminution de l’épaisseur de glace de moitié! (en bas à droite).
Donc oui, la glace est VRAIMENT en train de fondre!! Je ne peux pas appuyer plus sur ce fait. Tellement de personnes m’ont posé cette question depuis le début de mon doctorat.
Et cela a une influence critique sur: les biotopes fragiles de l’Arctique, les communautés situées dans les régions arctiques et l’ensemble du climat mondial. Alors que j’écrivais ces lignes, nous étions en août, et le minimum du volume de la banquise ne serait connu que le mois suivant.
Si nous jettons un oeil au volume de glace de mer de PIOMAS dans la figure ci-dessous, 2019 a été très près d’être la pire année pour le volume de glace de mer, soit sous 2012 qui reste l’année record pour le moment. Nous voyons que le volume de 2019 est dramatiquement en dessous de la moyenne 1979-2018.
Durant l’été 2020 qui vient, nous poserons la question: À quoi ressemblera le minimum de volume de glace de septembre? Nous nous revoyons en Juillet ou en Août!
